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Note sur Châtellaillon pendant la guerre de 1242-1243

Jacques Duguet

On sait qu’en 1242-1243 le roi de France Louis IX prend un à un les châteaux de Poitou, d’Aunis et de Saintonge tenus par des soldats qui ont pris le parti de ses adversaires, Hugues X de Lusignan et le roi d’Angleterre Henry III. Le château de Châtelaillon ne crée pas de difficulté au roi de France parce qu’il est « en sa main ». En effet, l’héritier de la châtellenie, Raoul de Mauléon, fils de Savari et d’Amable du Bois, a une quinzaine d’années et, selon la coutume, le suzerain assume la garde du château. Cette garde a été confiée à Hardouin de Maillé, sénéchal de Poitou, et ce dernier a désigné localement un bailli nommé Geoffroy Mauclerc.
Cependant, si la fidélité du sénéchal est assurée, il faut défendre la côte et la terre de Ré qui dépend de Châtelaillon. Une enquête effectuée en 1247 nous révèle quelques détails sur cet aspect du conflit. On constate en particulier que des troupes du roi d’Angleterre occupent l’île de Ré et font des prisonniers.
Pour garder la côte, le bailli réquisitionne des hommes, payés à la journée. L’enquête, qui ne concerne que les réclamations des intéressés, ne permet pas de connaître le nombre et l’identité de ces derniers. Elle nous apprend seulement qu’un certain Guillaume le Viellier et Colin, son frère, paroissiens de Saint-Barthélémy de la Rochelle, et Adam de Mantes, qui ont effectué 48 jours de garde, ne sont pas encore payés en 1247. Ils réclament alors leur solde pour ces 48 jours à 15 deniers par jour (Archives Historiques du Poitou, tome XXV, p. 291-292).
Pour défendre l’île de Ré contre les gens du roi d’Angleterre, le bailli convoque les hommes d’armes et les sergents de la châtellenie de Châtelaillon. Les défaillances sont sanctionnées, notamment par des saisies de biens. C’est ainsi que « Petit Jean Babotin », d’Aytré, s’étant excusé pour cause de maladie, le bailli lui a pris un tonneau plein de vin blanc estimé à 60 sous (Ibid., p. 296).
Parmi les hommes ainsi convoqués est un certain Giraud Laidet, qui présente ses excuses, pour cause de maladie et parce qu’il demeure dans la seigneurie de Surgères. Le bailli ne l’entend pas de cette oreille. Il menace Giraud de lui enlever tous ses biens. Apeuré, celui-ci va donc en Ré, où il est fait prisonnier, avec d’autres, par « les Anglais ». Il se rachète pour 50 livres, à cause de sa maladie qui s’est aggravée en captivité, mais il en meurt. C’est son frère, Guillaume Laidet, habitant de Salles, qui fait une réclamation (Ibid., p. 298).

(Roccafortis n° 32, septembre 2003, p. 245)

Thèmes : familles, guerres, militaires